DIALOG
2017/2018


Installation dans l'espace public, festival Kukacka, gare centrale d'Ostrava, République tchèque.
(Acier inoxydable, bois, gravoply)


Catherine Radosa élargit la typique mise-en-écène du parvis de la gare ferroviare d'Ostrava avec une paire de pupitres offrant un court extrait de la pièce de Dialogues d'exilés. Bertold Brecht a situé l'histoire dans une station où deux hommes, un physicien et un ouvrier, entrent en conversation pour passer le temps en attendant l'asile. Dans leur débat, ils couvrent tout, de la politique à la pornographie. Cependant, ce ne sont que quelques phrases qui figurent sur les pupitres. Le dialogue, commencé par les deux hommes, devrait être complété par des passants
qui assument involontairement leurs rôles. La scène ainsi créée conduit à différentes manières d'évaluer la situation, de la contrainte au jeu ou à l'improvisation, aux rencontres, discussions
et expressions libres, au sentiment de manipulation non désirée.

http://www.kukacka.org/#kukacka_kukacka-7

 

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Z : Une chose m'a toujours paru curieuse : qu'on doive aimer d'un amour tout particulier le pays où l'on paie ses impôts. Le fondement du patriotism, c'est donc savoir se contenter de peu : excellente qualité quand on a rien.

K : Ce qui compromet au départ le patriotisme, c'est qu'en somme on n'a pas vraiment le choix. C'est comme si l'on devait aimer à toute force la femme qu'on épouse au lieu d'épouser la femme qu'on aime. Voilà pourquoi je voudrais qu'on me laisse d'abord choisir. Qu'on me présente par exemple un petit bout de France et un coin de la bonne Angleterre, une ou deux montagnes suisses et quelques kilomètres de littoral norvégien : je désignerais ceci ou cela et je dirais : voilà ce que je prends comme patrie ; alors oui, je l'apprrécierais. Aujourd'hui, c'est comme si vous portiez un amour tout particulier à la fenêtre par laquelle vous êtes tombé par hasard.

Z : C'est un point de vue cynique, un point de vue de déraciné : il me plaît.

K : Pourtant, on dit toujours qu'il faut être enraciné quelque part. Je suis convaincu que les seuls êtres qui aient des racines, les arbres, préféreraient ne pas en avoir. Ils pourraient alors prendre l'avion eux aussi.

(Bertold Brecht, Dialogues d'exilés, éd. L'Arche, 1965, 1972 Paris ; traduction française parJean Baudrillard et Gibert Badia.)

 

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